[TRIBUNE] « Élections 2023 : Avec la réussite de l'organisation des jeux de la Francophonie, Félix Tshisekedi peut dormir sur ses deux oreilles », Odon Bakumba 

À quatre mois des élections législatives en République démocratique du Congo (RDC), Kinshasa a abrité pendant 10 jours les IXèmes Jeux de la Francophonie. Organisé en grande pompe, ce grand événement s'est clôturé en bonne et dûe forme, dimanche 6 août, avec une grande satisfaction des pays participants, malgré les controverses qui ont précédé l'événement.

Et si avec cette réussite, sur le plan organisationnel, saluée de tous, le président Félix Tshisekedi et l'Union sacrée de la Nation (USN), sa plateforme politique, se payaient illico un ticket pour la présidentielle de décembre prochain ? Explications.

Des délégations qui désistent

À moins d'un mois avant les Jeux, plusieurs pays se désistent en raison d'inquiétudes sanitaires et de sécurité. C'est le cas du Québec qui a annulé sa participation, bien que le Canada et le Nouveau-Brunswick aient exprimé leur volonté d'y participer. Malgré la présence de la directrice générale de la Fédération française de tennis, Amélie Oudéa-Castéra, la France, elle, se limite à quelques épreuves, refusant entre autres d'envoyer des participants pour les épreuves d'athlétisme et de cyclisme. 

La Fédération Wallonie-Bruxelles, pour des inquiétudes sur l'état des infrastructures, ne cède que des participants pour les épreuves culturelles et certaines délégations embauchent des équipes de sécurité supplémentaires, jugeant peu efficace le dispositif sécuritaire mis en place par le gouvernement congolais.

Une autre grande absence est celle de la secrétaire générale de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo. Sur fond de tensions diplomatiques entre le Rwanda et la RDC, la Rwandaise a refusé de venir à la cérémonie d'ouverture des Jeux, avançant que son invitation ne lui a jamais été envoyée. Mais elle se voit remplacer par Caroline St-Hilaire, administratrice de l'OIF.

Un événement d'espoir dans un océan de problèmes

Au-delà de toute attente, il n'a fallu à Félix Tshisekedi que 134 minutes pour surprendre le monde entier. Avec une rumba revisitée et une ambiance très kinoise, la cérémonie d'ouverture des jeux de la Francophonie, diffusée sur le plus grand média francophone au monde (TV5Monge) le soir du vendredi 28 août, a été un grand spectacle que tout Congolais a voulu voir comme un message d'espoir dans un océan de problèmes. 

Le majestueux Stade des Martyrs (80.000 places) illuminé par des milliers des Congolais qui étaient voir défiler les quelque 3.000 jeunes sportifs et artistes, d'une trentaine de pays, engagés dans les compétitions et concours prévus à Kinshasa, plus grande ville francophone du monde. Un show mêlé de son et lumière a dépeint un paysage pittoresque de la RDC : sa diversité culturelle, sa faune et bien évidemment ses sapeurs aux tenues exagérées en couleur et coloré à la fin par une prestation de Fally Ipupa, une superstar locale très en vogue.

Le narratif a tout de suite changé, cette soirée là. Un spectacle qui restera longtemps ancré dans le souvenir des Congolais dont nombreux parmi eux ont confessé que cet événement solennel est le deuxième que le pays ait organisé depuis le combat Ali-Foreman d'il y a près de 50 ans (1974).

Félicitations 

« Le Congo est en train de changer, l'Afrique change », a lancé Gims, auteur-compositeur-interprète et rappeur congolais évoluant en France, sur son compte Instagram comptant plus de 3 millions d'abonnés. Le rappeur, de son vrai nom Gandhi Djuna, a livré un grand concert à l'esplanade du Palais du peuple, à Kinshasa, à la clôture de ces jeux. 

Nombre de déclarations saluant l'organisation de cet événement ont fusé de partout juste après la cérémonie de clôture. Le ministre des Sports, Claude François Kabulo, s’est félicité d’avoir gagné le pari de l’organisation de cet événement « organisé avec les fonds propres du gouvernement congolais de son Président, Félix Tshisekedi ». « Aujourd’hui, 6 août, nous tournons la page des neuvièmes Jeux de la Francophonie. Sans fausse modestie, nous pouvons dire, mission accomplie… Nous pouvons dire sans crainte d’être contredit que le pari d’organiser les 9e Jeux de la Francophonie à été gagné haut la main », a déclaré avec plein d'honneur l'ancien journaliste de la Télévision nationale congolaise.

Les félicitations qui peuvent encore honorer le comité chargé d'organisation, chapeauté par Isidore Kwandja, sont celles de  la directrice du Comité international des jeux de la Francophonie (CIJF), Zeina Mina, qui a affirmé qu’en dépit des reports et des inquiétudes, Kinshasa a réussi à relever le défi.

Doté de nouvelles infrastructures sportives

Depuis des lustres, le football est resté le sport en vogue en RDC. C'est surtout en raison de manque d'infrastructures que le reste des fédérations des autres disciplines sportives ne rayonnent pas. Mais grâce aux legs des jeux de la Francophonie, ce problème reste désormais du passé. Il suffit de contempler la splendeur du nouveau Stadium des Martyrs de Basketball rénové, aux normes de toute autre enceinte sportive moderne. Ou encore le site du Stade Tata Raphaël qui s'est fait une nouvelle robe et a vu abriter des appartements huppés.

Mais ce qui compte surtout c'est la volonté qui se cache derrière toutes ces réalisations. Lors de son discours de clôture de cette neuvième éditionLe président Félix a déclaré a déclaré être déterminé à capitaliser sur cette réussite et sur les infrastructures léguées pour impulser des changements qualitatifs et mettre en place des mécanismes qui permettront désormais à la jeunesse congolaise de rêver grand et de profiter de toutes les opportunités afin de réaliser ses potentialités dans le domaine des sports et des arts ainsi que dans celui de l’éducation.

Prêt à briguer un second mandat 

Maintenant que toutes les délégations des pays participants ont exprimé leur satisfaction, le peuple congolais non seulement honoré mais convaincu de voir sa nation dotée de nouvelles infrastructures modernes, qui pourrait priver à Félix Tshisekedi son ticket à la présidentielle de décembre, et surtout qui pour rivaliser avec lui ?

Ou comme l'a déclaré lui-même, lors de son discours de clôture, cette neuvième édition des jeux de la Francophonie restera gravée dans la mémoire collective des Congolais comme un événement historique ayant contribué significativement à cimenter l'appartenance de la RDC à la Francophonie, notamment dans la promotion de sa diversité culturelle et dans son rayonnement à travers le monde ».

Personne ne l'oubliera, encore moins les prochains électeurs.

Odon Bak.