CENI : complice ou victime de la fraude ?

Dans la nuit du 5 au 6 janvier, la Commission électorale nationale indépendante a invalidé quatre-vingt deux (82) candidats députés nationaux et provinciaux. L’invalidation de ces candidats, majoritairement membres de la famille politique du Président de la République, a suscité joie des uns et grincements des dents des autres.

Hugues Mpaka

9 Janvier 2024 - 09:28
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CENI : complice ou victime de la fraude ?

Derrière cette décision aux motivations nobles, la CENI, sans s’en rendre compte, s'est peut-être tirée une balle au pied. Contre ces candidats recalés, la Centrale électorale a retenu multiples griefs : fraude, corruption, bourrage d'urne, vandalisme des matériels électoraux et... détention illégale des dispositifs électroniques de vote (DEV). Ce dernier motif a de quoi fendre la poire. 

En Ponce Pilate, la CENI semble avoir fait le choix de sacrifier Christ et libérer Barrabas pour satisfaire la clameur du public. Face aux flagrances filmées des actes peu recommandables, la Centrale électorale n'avait peut-être pas d'autre choix dans le but de tenter de sauver les meubles alors que l'Opposition appelle depuis le jour du vote à l'annulation pure et simple de ces scrutins.

Dans cet océan de réclamations, la décision de la CENI apparaît clairement comme un aveu de culpabilité. Personne ne saurait ainsi comprendre comment les dispositifs électroniques de vote (DEV), communément appelés machines à voter, propriété exclusive de la CENI, se sont retrouvés entre les mains des fraudeurs. 

Tout porte à croire que ces « tricheurs » ont recouru à la même CENI qui dispose de plusieurs services, pour avoir ces machines à voter moyennant un arrangement en amont. Tenez ! La CENI n’a pas signalé des cas de vol de ces équipements dans toutes les provinces où elle a invalidé les candidats. 


Les DEV ne peuvent s’acheter à Zando. A maintes reprises, le patron de la CENI a vanté la sécurité informatique de ces gadgets. Faire part de leur détention est donc une manière tacite de reconnaître une porosité à l'interne, une complicité voulue ou pas de la CENI. Ainsi, sans le vouloir, la CENI a offert des béquilles à une Opposition qui n'en demandait pas plus. Une aubaine pour l'Opposition qui estime désormais que l'organisatrice des élections a aussi été « l’instigatrice de la tricherie ».

Une certaine opinion soutient que les malfaiteurs auraient recouru au stock des machines à voter des élections de 2018. Difficile à croire puisque en cinq ans, suffisamment d'eau a coulé sous les ponts. Logiciel, identité visuelle de la CENI..., tout ou presque a changé. Contrairement au cycle précédent, de nouvelles technologies ont également été incluses dans les DEV : GPS, jetons uniques...


Autant de garde-fous qui devraient normalement permettre à la CENI de rassurer sur la crédibilité du processus. En reconnaissant la porosité de son système à l'interne, c'est toute une boîte à Pandore qui s'ouvre sous les auspices de la célèbre maxime latine « Fraus omnia corrompit ». Car oui, cette fraude, aussi petite soit-elle, jette un discrédit sur tout le processus. Ainsi, en voulant sauver sa peau, la CENI s'est noyée dans un océan de problèmes.

Hugues Mpaka Journaliste, rédacteur et reporter au sein de la rédaction de la UNE.CD ; Community Manager, passionné des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC) ; licencié en Sciences de l'Information, département de multimédia de l'Institut Facultaire des Sciences de l'Information et de la Communication (IFASIC).