Pourquoi les rebelles écrivent désormais A#FC-M*23 sur les réseaux sociaux ? Décryptage d’un contournement algorithmique
Face au contrôle renforcé des contenus liés aux conflits armés en RDC, notamment ceux concernant l’AFC/M23, les responsables de communication du mouvement et certains internautes favorables au groupe ont adopté une stratégie bien rodée : contourner les algorithmes de modération en modifiant volontairement l’écriture des mots-clés sensibles. Exemple courant : écrire « A#FC-M23 » au lieu de « AFC-M23 ».
Cette méthode, appelée « bypass algorithmique », consiste à insérer des caractères spéciaux (#, *, _, etc.) dans les noms ou mots-clés interdits pour éviter qu’ils ne soient automatiquement détectés et supprimés par les systèmes des plateformes comme Facebook, Instagram ou TikTok.
Pourquoi ce contournement ?
- Éviter la suppression des publications liées à des contenus interdits (groupe armé, désinformation, incitation à la violence).
- Contourner la baisse de visibilité imposée aux mots-clés sensibles.
- Protéger les comptes de la désactivation ou des sanctions.
- Propager un récit, malgré les règles de modération.
Comment procèdent-ils ?
Quelques variantes :
- « A#FC-M23 », « A_FC M23 »
- « M*23 », « M23. »
- « R#wanda », « R.wanda »
- « occ#upation », « reb#els »
L’intention est de tromper les algorithmes tout en restant compréhensible pour les humains.
Enjeux
Cette stratégie soulève des inquiétudes : propagation de propagande, désinformation, manipulation de l’opinion, et limite des plateformes à modérer efficacement sans censurer abusivement.
Quelles solutions pour contrer ce contournement ?
- Renforcement de l’IA contextuelle : entraîner les algorithmes à détecter les variantes typographiques des mots sensibles.
- Modération humaine ciblée sur les zones de conflit et les comptes suspects.
- Collaboration accrue entre États, plateformes et sociétés civiles pour signaler les contournements.
- Éducation numérique des utilisateurs pour reconnaître les tactiques de manipulation.
La guerre dont est victime la République démocratique du Congo ne se joue plus seulement avec des armes, mais avec des mots masqués derrière des symboles.