Crise en RDCongo : Entre génocide non déclaré et prise de conscience collective (Pascal Muteba)

Douze ans après la mission d’enquête du Haut-Commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme concernant les violences et crimes de guerre commis sur le territoire de la République démocratique du Congo de 1993 à 2003, connue sous le nom de « Rapport Mapping 2010 », rien n’a changé.  

Ce rapport qui note que la décennie 1993-2003 est« probablement l’un des chapitres les plus tragiques de l’histoire récente de la RDC », fait savoir que cette période a été marquée par « une série de crises politiques majeures, de guerres et de nombreux conflits ethniques et régionaux qui ont provoqué la mort de centaines de milliers, voire de millions, de personnes », et précise que « rares ont été les civils, Congolais et étrangers, vivant sur le territoire de la RDC qui ont pu échapper à ces violences ». 

Plus de 25 ans après le début de cette crise, les atrocités continuent et, la situation devient de plus en plus intenable. Plus de six millions de personnes ont perdu et continuent de perdre leurs vies. Des femmes en pâtissent doublement en subissant toutes formes de violences. Des enfants dont l’avenir est compromis. Lapartie Est du pays toujours en proie aux guerres déclenchées par plusieurs groupes rebelles dont principalement le Mouvement du 23 mars (M23), soutenu par le Rwanda de Paul Kagame selon le gouvernement congolais et, les experts de Nations unies dans leur lettre du 10 juin 2022 adressée au Conseil de sécurité.

Aujourd’hui après Kabila, pour ainsi faire mention du livre de l’abbé Jean-Pierre Mbelu d’août 2018 : « Demain après Kabila », les Congolais n’arrivent toujours pas à « réinventer le Congo-Kinshasa ». Ils n’arrivent toujours pas à « reconquérir leur dignité et leurs terres », non plus à « remettre leurs cerveaux à l’endroit ».  La situation sécuritaire reste stagnante. Les frontières toujours poreuses. La crise au Congo-Kinshasa est-elle interminable ? Que faire concrètement pour la libération de ce pays dans un contexte particulier des défis internes et externes ?

Malgré la présence sur terrain de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RD Congo (MONUSCO) et beaucoup d’instruments juridiques internationaux qui désapprouvent et sanctionnent les conflits armés et violations de Droits Humains, la situation du grand Congo demeure « inaperçue ». « La République démocratique du Congo est la première crise internationale négligée », selon le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018.

Les défis et enjeux géopolitiques du Congo sont tellement complexes qu’ils n’attendent que son peuple pour être relevés. Pas la Belgique. Pas non plus les Etats-Unis d’Amérique, la Grande-Bretagne, la France, la Chine ou la Russie.  Le peuple congolais, avec sa jeune démographie galopante (plus de 90 millions d’habitants), devra reprendre son destin en mains.

Ce peuple qui n’a d’amis que lui-même, ne peut compter que sur lui-même, en prenant conscience de sa valeur, de la richesse de son sol et sous-sol, de sa stratégique position au cœur de l’Afrique, mais surtout de son intelligentsia et son capital humain.

Pascal Manyi Muteba