RDC : une étude du CICR alerte sur l’effondrement du système de santé dans les Kivu
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a présenté, mercredi 8 octobre à Kinshasa, les résultats d’une étude alarmante sur la dégradation du système de santé dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, conséquence directe des conflits armés qui s’y intensifient depuis plusieurs mois.

Réalisée en septembre 2025 sur un échantillon de 240 centres de santé, l’enquête révèle un effondrement progressif du système sanitaire marqué par des ruptures massives de médicaments, la fuite du personnel médical et une diminution des financements humanitaires. D’après le rapport, 85 % des structures souffrent de pénuries de médicaments essentiels, 40 % ont perdu une partie de leur personnel, et 70 % accueillent régulièrement des blessés par armes.
Les médicaments les plus touchés sont ceux considérés comme vitaux ou gratuits — vaccins, antipaludiques, antirétroviraux (VIH), antituberculeux, kits post-viol et aliments thérapeutiques. Le CICR note que les conditions d’acheminement vers les zones enclavées sont devenues particulièrement précaires, aggravant la vulnérabilité des populations déplacées.
Le rapport indique également que 91 % des aires de santé accueillent chacune plus de 5 000 déplacés internes depuis janvier 2025, tandis que la majorité des structures ayant perdu leur personnel n’ont pas encore pu en récupérer. Cette surcharge met sous tension des centres déjà fragilisés par des années de conflit.
« La situation est alarmante, aussi bien dans les zones contrôlées par l’AFC/M23 que dans celles sous contrôle gouvernemental », a alerté François Moreillon, chef de la délégation du CICR en RDC. Il a souligné une hausse de 14 % des ruptures de stocks par rapport à la dernière évaluation d’avril 2025, signe d’une dégradation rapide sur fond de recrudescence des violences dans le Grand Nord et le Sud-Kivu.
Le CICR appelle les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire, à protéger les infrastructures médicales et à faciliter le retour du personnel soignant dans les zones abandonnées. « Il est urgent d’agir pour garantir l’accès des blessés et des malades aux soins et préserver la survie des populations civiles », a insisté François Moreillon.
Entre janvier et septembre 2025, le CICR a pris en charge plus de 2 000 blessés, assuré 227 000 consultations curatives, 24 000 prénatales, 71 000 vaccinations, soutenu 17 centres de santé et distribué des kits de stabilisation à 30 structures. Près de 950 victimes de violences sexuelles ont également bénéficié d’une prise en charge médicale et psychosociale.