RDC : La planification familiale, un champ en quête d’investissements

Le gouvernement congolais finance les services de santé sexuelle et reproductive comprenant la planification familiale à hauteur de 7%, dont une grande partie proviennent des ménages alors que les bailleurs externes couvrent  les 93 %, a indiqué  Dieudonné Kwete, conseiller technique en financement de la santé et directeur pays de Options RDC, un cabinet de conseil en développement international travaillant principalement dans le secteur de la santé pour transformer la santé des femmes et des filles à faible revenu.

La RDC a encore des défis à relever...

« Dans le cadre du plan stratégique multisectoriel de planification familiale 2021-2025, la RDC s’est engagée à promouvoir la PF avec l’engagement d’atteindre un taux de prévalence contraceptive moderne de 23% en 2025 au coût global de 215 millions des dollars américains et plus de 5 millions d’utilisatrices des méthodes contraceptives modernes » rappelle M. Dieudonné Kwete.

Il faut relever que sur les allocations budgétaires pour l’achat des contraceptifs de 8.3 millions de dollars américains pour la période de 2014 à 2020, le gouvernement n’avait décaissé que 1 million de dollars américains en 2018 et plusieurs défis restent à relever.

M. Kwete reconnaît tout de même les efforts de la République démocratique du Congo. « En renouvelant l’engagement de son adhésion à la planification familiale à travers le plan stratégique national à vision multisectorielle 2021-2025 avec un regard sur 2030, le pays s’est aligné pour un épanouissement individuel et collectif de la population en envisageant l’augmentation de la prévalence contraceptive et la réduction sensible des besoins non satisfaits. Malgré les efforts consentis, beaucoup reste encore à faire en termes de moyens et fonds à allouer » dit-Il.

Investir dans la planification familiale pour quels bénéfices ?

La RDC pourrait réduire la mortalité maternelle et infantile, contribuer à l’amélioration du bien-être de la femme, de la jeune fille, de la famille et de toute la communauté. Mais aussi accélérer l’augmentation du taux de prévalence de la contraception moderne chez toutes les femmes en âge de procréer s’il investissait dans la PF, révèle le directeur de Options RDC, une structure qui intervient sur l’appropriation nationale de Wish, un programme de santé sexuelle intégré des femmes financé dans plus de onze pays.

« Nous faisons de notre mieux à toujours convaincre le gouvernement d’investir dans la planification familiale. Ces arguments sont basés sur des données probantes. 1 dollar américain investi dans la PF à un retour sur l’investissement de 120 dollars américains. Ce retour sur l’investissement est en termes de bien-être social, économique pour la femme qui accède à des méthodes contraceptives » dit-il.

Selon M. Kwete une femme qui a une bonne méthode contraceptive, peut éviter une grossesse non désirée. Cela évite la morbidité maternelle et lui permet de participer à la production ainsi qu’à la croissance économique.

L’augmentation de l’utilisation de la contraception moderne devra aussi permettre au pays un ralentissement progressif de la croissance démographique, ce qui entraînera une réduction des charges qui pèsent sur la population potentiellement active de 15 à 64 ans. Dans d’autres pays, cette réduction des charges a permis une augmentation de l’épargne et des investissements qui a stimulé leur développement.

Pour un planning familial réussi

Bien que la situation en RDC ait connu quelques progrès, il faut noter que le niveau de performance de la plupart des indicateurs sont toujours en dessous de la moyenne des pays de l’Afrique subsaharienne. Pour un planning familial réussi, l'État congolais a dans ses obligations des efforts à entreprendre en allouant des fonds pour l’achat des contraceptifs.  Le plus grand défi serait de placer la PF parmi les interventions prioritaires de la couverture santé universelle.

« Il faudra que le gouvernement arrive à allouer et à décaisser au moins 3 millions de dollars américains chaque année pour acheter les contraceptifs et que ces services arrivent aux bénéficiaires. Il faudra intégrer la planification familiale dans le panier de soins à financer et qu’elle soit reprise comme intervention prioritaire dans le cadre de la couverture sanitaire universelle, il faudra appuyer les comités techniques multisectoriels permanents provinciaux pour le décaissement des crédits budgétaires alloués à l’achat des contraceptifs dans les édits provinciaux, et aussi d’assurer la suivie de la distribution des contraceptifs au dernier kilomètre » a-t-il préconisé.

Options, pour un monde aux services de santé de haute qualité

Options se bat pour que, d'ici à la fin de l’année 2030, toute personne en âge de procréer, vivant en RDC, accède à l’information et aux services de planification familiale de qualité à un coût abordable, quelles que soient sa classe sociale, sa situation et son appartenance politique ou religieuse.

Cette structure travaille directement avec le gouvernement et les acteurs de la société civile pour donner la priorité à la santé sexuelle, reproductive et à la planification familiale dans l’investissement public en renforçant la capacité du mécanisme de responsabilisation de chaque acteur.

Avec 30 ans d’expérience dans le domaine de la santé mondiale, Options s’attaque aux problèmes de santé les plus urgents au monde. Elle fournit des idées, des conseils et un savoir-faire technique qui permettent à ses partenaires de tracer la voie d’un changement durable.

Dans le cadre de MSI Reproductive Choices, tous les bénéfices de Options sont reversés au soutien de la propre mission de MSI d’enfants par choix, pas par hasard. Options croit en un monde où les femmes et les enfants peuvent accéder aux services de santé de haute qualité dont ils ont besoin, sans charge financière.

Rappelons qu’en RDC, près de 80% des grossesses des femmes mariées ou en union sont à risque, parce que susceptibles d’être « trop précoces, trop rapprochées, trop nombreuses, et/ou trop tardives ». Dans la majorité des cas, ces grossesses cumulent plusieurs de ces risques.