Éveil de Conscience à l'UNIKIN : La Projection de « L'Omerta » Lève le Voile sur les Minerais du Sang

Organisée par la Fondation Carlos Kalonji dans la salle Onekoso, la journée était consacrée à la projection du film documentaire percutant "L'Omerta", qui met en lumière l'exploitation des "minerais du sang" et les atrocités à l'Est de la République Démocratique du Congo. La projection a permis aux étudiants de prendre l'ampleur d'une crise humanitaire et économique trop souvent occultée.

Le film dénonce notamment, par la voix d'un intervenant, l'opacité et l'incompétence de certains échelons militaires : « J’appelle le général de la 14e région militaire, il me répond comme si rien n'était, avec beaucoup de légèreté… Il est au courant de ça ? On accompagne un civil comme ça, il n'y a pas de police ? Il n'y a même pas de police militaire. » Il a également révélé des témoignages déchirants de victimes, incluant une mère violée par des combattants du M23, rappelant que l'Est du Congo est un « cœur des ténèbres » où les massacres se suivent, se rapprochant du nombre de victimes de la Seconde Guerre mondiale. Des statistiques alarmantes sur l'exportation illicite, notamment du coltan par des pays voisins sans gisements, ont renforcé le sentiment d'une complicité internationale.

L'événement a été marqué par la présence et les interventions de personnalités de renom. L'ancien Ministre de la Défense a souligné l'urgence de protéger les richesses stratégiques du pays, affirmant que la base économique est minérale et stratégique. Il a insisté sur l'obligation pour l'armée de « protéger tous les secteurs miniers pour que ces mines ne soient pas les lieux de concentration des groupes armés ». Par ailleurs, Freddy Mulumba, journaliste et analyste politique, a soulevé des contradictions flagrantes au niveau international, se demandant pourquoi la communauté mondiale ne faisait pas preuve de la même indignation que pour les crises à Gaza ou en Ukraine, tout en déplorant le manque de discernement face à ceux qui ont « promu les crimes dans la région. »

Carlos Kalonji, fondateur de la fondation éponyme, a insisté sur le rôle de la jeunesse dans cette prise de conscience. Il a rappelé que le travail d'éveil de la conscience, entamé avec l'UNIKIN, qui est la première université du pays, doit s'étendre. Il est prévu que la Fondation déploie cette initiative de sensibilisation dans toutes les universités de Kinshasa, puis dans toutes les provinces de la RDC, afin de catalyser un mouvement national. En un geste de solidarité poignant, M. Kalonji a pris un engagement fort devant l'assistance : sa fondation s'engage à payer le minerval (frais académiques) des étudiants qui sont enfants de militaires actuellement au front ou de ceux qui sont handicapés suite à leur engagement sous le drapeau. 

Le recteur de l'UNIKIN a salué l'initiative de la Fondation Carlos Kalonji d'avoir choisi le campus pour lancer cette importante campagne. Il a mis en exergue l'importance de l'éducation et de la recherche pour affronter la crise de l'Est, insistant sur le fait que l'université doit être un foyer de la pensée critique et de la solution. Dans son discours, il a encouragé les étudiants, futurs cadres de la nation, à s'approprier les enjeux soulevés par "L'Omerta" pour devenir des acteurs du changement et de la bonne gouvernance des ressources nationales.

Pour pérenniser la réflexion au-delà de la projection, des ouvrages et des polycopiés thématiques ont été distribués aux étudiants présents. Cette distribution vise à fournir des outils concrets pour une sensibilisation continue et approfondie, permettant aux étudiants de devenir à leur tour des relais d'information. La Fondation Carlos Kalonji marque ainsi une étape déterminante dans la mobilisation de la jeunesse congolaise, transformant une salle de cinéma en point de départ d'une action civique et patriotique face à la tragédie des minerais du sang.