Kisangani : La LUCHA dénonce une « dilapidation » des fonds publics après deux concerts de Rebo Tchulo

Les deux concerts donnés par la chanteuse congolaise Rebo Tchulo à Kisangani les 16 et 17 août derniers continuent de faire des vagues. Organisés sous le haut patronage du gouverneur de la province de la Tshopo, Paulin Lendongolia, ces événements suscitent une vive polémique, notamment de la part du mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA), qui dénonce un « gaspillage » des ressources publiques.

Plamedi MASAMBA

28 Août 2025 - 09:35
28 Août 2025 - 09:36
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Kisangani : La LUCHA dénonce une « dilapidation » des fonds publics après deux concerts de Rebo Tchulo

Selon des informations relayées par la LUCHA, l’artiste Rebo Tchulo, de son vrai nom Déborah Tshimpaka Mulanga, aurait perçu un cachet de 150 millions de francs congolais, soit environ 53 500 dollars américains, pour ses deux prestations : un concert gratuit à l’esplanade de la Poste baptisé Aksanti Fatshi, en hommage au président Félix Tshisekedi, et un concert privé au Riviera Beach.

Une dépense jugée injustifiable

Dans une correspondance adressée au président de l’Assemblée provinciale de la Tshopo, la LUCHA fustige une dépense jugée extrabudgétaire, qui ne figurait pas dans le budget provincial initialement validé. Le mouvement s’interroge sur l’urgence d’un tel engagement financier, dans un contexte où la province fait face à des défis majeurs.

« Alors que les routes de desserte agricole sont délabrées, que la ville de Kisangani est en proie à une insécurité croissante, que la population souffre d’un manque criant d’eau potable et d’électricité, financer un double concert n’est nullement une priorité », déplore la LUCHA.

Le mouvement citoyen souligne en outre que les agents du gouvernorat cumulent des mois d’arriérés de salaire, et que la police locale manque de moyens logistiques pour assurer efficacement la sécurité publique.

Face à ce qu’elle qualifie de « dépense publique hasardeuse », la LUCHA demande l’ouverture d’une enquête parlementaire dès la prochaine rentrée de l’Assemblée provinciale, afin de faire toute la lumière sur les montants engagés et de « tirer les conséquences politiques » de cette initiative.

« Prioriser le divertissement pendant que les besoins vitaux des populations sont ignorés pose un problème d’éthique publique et de vision stratégique », peut-on lire dans la lettre adressée au président de l’Assemblée.

La LUCHA exige également que cette affaire serve de point de départ à une réflexion plus large sur la gestion des fonds publics et les priorités de gouvernance dans la province de la Tshopo.

Bien que les concerts de Rebo Tchulo aient attiré une foule nombreuse, et malgré leur objectif apparent de renforcer la cohésion sociale autour du chef de l’État, ils semblent avoir été perçus par une partie de la population comme un luxe malvenu dans une région en crise.

Ni l’artiste ni les autorités provinciales n’ont encore officiellement réagi à ces accusations.

Plamedi MASAMBA Diplômé d'une école de journalisme de renom, informer est plus qu'un travail, c'est une passion. Consultez mes articles sur la culture, les sports et les TIC sur Une.cd.