Kinshasa : les urgences de HJ Hospital et du Centre Médical Diamant suspendues après le décès d’une patiente faute de caution
Les services d'urgence du HJ Hospital et du Centre Médical Diamant à Kinshasa ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre, sur instruction du ministre de la santé publique, hygiène et prévoyance sociale, Dr Samuel Roger Kamba. La mesure a été exécutée par le secrétaire général à la Santé, Dr Ramazani Yuma, dans une correspondance adressée aux directions générales de ces deux établissements.
Cette décision fait suite au refus d’assistance médicale à madame Divine Kumasamba, admise en situation d’urgence dans la nuit du 7 au 8 septembre 2025. Faute de pouvoir verser une caution jugée excessive, bien qu’un acompte ait été présenté, la patiente n’a pas été prise en charge et est décédée sans soins appropriés.
« Pareille attitude est contraire aux prescrits du partenariat liant votre structure au ministère, dans le cadre de la Couverture Santé Universelle », souligne le secrétaire général dans sa lettre au DG du HJ Hospital. Une formulation identique a été adressée au Centre Médical Diamant.
En attendant les investigations en cours menées par l’Inspection Générale de la Santé, les activités des services des urgences des deux établissements sont suspendues.
Cette affaire ravive les critiques sur les pratiques de certains établissements de santé privés, accusés de privilégier le paiement au détriment du serment d’Hippocrate et du droit à la vie.
Indignation contre le marchandage des soins médicaux dans les hôpitaux privés
Selon les informations partagées par sa famille sur les réseaux sociaux, Divine Kumasamba souffrait de vives douleurs à l’estomac dans la nuit du 8 septembre. Transportée d'urgence au Centre Hospitalier Diamant aux alentours de 3h du matin, ses proches espéraient une prise en charge rapide. Mais les médecins auraient conditionné tout traitement au paiement immédiat d’une caution de 5 000 USD. La somme de 500 USD en espèces, proposée par la famille comme acompte, n’a pas suffi à obtenir une quelconque assistance médicale.
Face à ce refus, la famille décide de l’emmener en urgence à HJ Hospital, mais le même scénario se répète. Cette fois, la condition posée aurait été le versement de 2 000 USD avant d’administrer les premiers soins. La mère de Divine aurait supplié les médecins de commencer les soins, promettant que le reste serait payé dès l’ouverture des banques dans la matinée. Mais les appels sont restés sans réponse.
Quelques minutes plus tard, Divine Kumasamba rendait l’âme. Son corps est actuellement conservé à la morgue de la Clinique Saint Joseph de Limete.
Quand la rue s’exprime, les faits remontent
Sur les réseaux sociaux, l’indignation enfle. Le drame de Divine fait écho à d’autres cas similaires dans la capitale. Marie Laure Ndelo, proche de la défunte, écrit sur Facebook :
« Eh Jésus, le monde est méchant… Aujourd’hui les hôpitaux ne se préoccupent plus des malades, mais de l’argent. Repose en paix, dada. Que Dieu aide ta famille. »
D’autres rappellent le cas du Centre Hospitalier Akram, fermé temporairement après un drame similaire, puis rouvert en moins de deux mois.
« Nous connaissons la suite, il n’y aura pas grand-chose… H.J rouvrira bientôt. Ça fait de la peine de voir une si jolie dame partir ainsi. Que son âme repose en paix. »
Le marchandage des soins d'urgence, en violation flagrante du serment d’Hippocrate et de la Couverture Santé Universelle, continue de coûter des vies. Le cas Divine relance le débat sur l'humanité dans les soins et sur la justice pour les victimes.