[Tribune] : « Le Gouvernement Suminwa II : espoir envolé », (Ernestine Elum)

Le 08 Août dernier, sur la chaîne nationale (RTNC), le gouvernement Suminwa II a été rendu public. Dans les 24 heures qui ont suivi, cette annonce a suscité de vives critiques et des inquiétudes de la part des citoyens congolais. Ne pouvant pas rester indifférent face à ce gouvernement qui suscite à la fois critiques, déceptions et inquiétudes, nous voulons, dans cet article, faire une analyse critique sur la mauvaise gestion de la res publica, cause principale de la longue et fatigante pérégrination de notre pays dans l’abyssale abîme de la pauvreté et de la médiocrité.

Ernestine Elum

1 Oct 2025 - 19:53
1 Oct 2025 - 19:53
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[Tribune] : « Le Gouvernement Suminwa II : espoir envolé », (Ernestine Elum)

En effet, un gouvernement est mis en place pour permettre au président de la République de pouvoir matérialiser sa vision, étant donné que lui seul ne peut rien d’une part, et d’autre part pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens.

Cependant, force est de constater que, dans l’histoire de la République Démocratique du Congo, les gouvernements successifs constituent un mode de récompense ou du partage de gâteau. Cette affirmation trouve tout son sens avec le nouveau gouvernement Suminwa, qui combine échec, déceptions et désespoir :

1.  

Dans ce nouveau gouvernement, plus de 80% de ministres qui sont reconduits, ne présentent aucun bilan positif dans les ministères qu’ils ont dirigés dans le premier gouvernement Suminwa, et pour certains depuis le premier gouvernement post-KABILA. Cela soulève une interrogation quant à ce qu’ils peuvent offrir lors de ce nouvel exercice gouvernemental qui leur est confié et ce, dans les secteurs autres que ce qu’ils ont dirigés et dans lesquels ils ont lamentablement échoué.

2. Déceptions

Les partis politiques, la société civile et le peuple congolais dans son écrasante majorité, ont exprimé une déception totale après l’annonce nocturne de ce gouvernement. Non seulement par la reconduction des mêmes visages qui n’ont jamais convaincu dans les gouvernements passés, mais aussi et surtout, par le nombre des ministères qui, pour certains, n’ont pas raison d’être, alors que l’on parle de la réduction du train de vie des institutions !

En effet, le président de la République avait annoncé un gouvernement d’ouverture et resserré. Tandis que le gouvernement passé comptait 54 ministres, ce nouveau gouvernement compte 53, avec une réduction d’une seule place. Cette réduction constitue une déception, en ce sens que le train de vie des institutions est élevé, au point que l’État se sens incapable de mobiliser les moyens nécessaires pour répondre aux attentes de la population, dans un contexte de guerre d’agression par le Rwanda qui soutient les terroristes de l’AFC / M23 dans l’est du pays.

Ce qui caractérise bien évidemment un amateurisme, une incohérence politique et programmatique ainsi qu’une incompétence généralisée.

3.           Désespoir

Lorsque le président de la République a annoncé le nouveau gouvernement, le peuple s’attendait à un nombre réduit, et surtout de nouvelles figures pouvant susciter de l’espoir, de l’espérance et une nouvelle dynamique dans l’action. Bien au contraire, presque les mêmes figures reviennent et cela suscite de doutes quant à ce qu’ils peuvent entreprendre après avoir tout tenté et vidé infructueusement toutes leurs munitions et capacités  intellectuelles et opérationnelles. Plus personne n’espère en ces ministres qui ont malheureusement montré leurs limites. L’occasion était toit donnée pour faire « tabula rasa » et répartir sur de nouvelles bases et nouveaux visages. Hélas, rendez-vous manqué !

Cet article va tenter de comprendre ces récentes nominations, en essayant de les situer en 4 points essentiels :

La mauvaise gouvernance

Les nominations récentes témoignent combien le pays est mal géré. Sans vision, sans programme précis. C’est un gouvernement qui hérite et entretient les vieux démons : il constitue un champ où prospère le clientélisme, dans lequel la corruption devient de plus en plus amie de gouvernants, qui dorénavant, sont nommés à titre de récompense, considérant ainsi leur exercice, non pas comme une tâche à la fin de laquelle il faut rendre compte, mais plutôt comme un moyen de s’enrichir et enrichir leurs entourages. L’intérêt du pays et de la population, toujours aux abonnés absent !

Être nommé constitue une occasion de fête, alors que la tâche gouvernementale en elle-même est à la fois une corvée et un dévouement  qui devrait mettre les concernés devant les responsabilités qu’ils ont à assumer et les résultats qu’ils doivent produire, faute de quoi, ils feraient objets de poursuite judiciaire en cas de mauvaise gestion.

 Le manque de vision 

Diriger un pays, c’est conduire les aspirations de tout un peuple. Cela exige une vision claire et lucide, une capacité sans faille à mobiliser son peuple dans des objectifs conduisant au développement individuel comme collectif.

L’État qui est porteur de cette vision, est appelé à faire preuve de responsabilité, en se référant aux exigences de la population selon les circonstances et l’urgence de l’heure. Ainsi, la constitution d’un gouvernement devrait aller en ce sens là. Le bilan, en plus de compétences, devrait être la condition primordiale de toute nomination dans les affaires d’État.

En effet, nul n’ignore les situations dramatiques et insécuritaires qui sévissent dans notre pays depuis près de 30 ans dans sa partie est avec le terrorisme du M23 soutenu par l’armée rwandaise ; en plus de cela, l’insécurité dans la partie ouest de notre pays avec les tueries perpétrées par les milices Mobondo. Toutes ces situations constituent en ce jour une urgence, en plus de problèmes socio-économiques qui asphyxient la population.

Cependant, la sortie du gouvernement Suminwa II ne tire fondement sur aucun de problèmes susmentionnés. Il y a là, à notre sens, une négligence totale ou une lecture très érronée de problèmes réels de ce peuple qui souffre dans son âme comme dans son corps.  Ce peuple, déjà meurtri, devrait-il continuer à espérer au changement ? Mais jusqu’à quand ?

C’est une question ouverte à toute personne qui aura le temps de lire cet article, car l’urgence s’impose !

 

Mais nous y reviendrons.

Ernestine Elum Femme battante, femme de valeurs et citoyen de son État.