Le secteur informel de Kinshasa : nouveau "territoire criminel" des kulunas et des agents véreux de l’état (Fabrice Bolenge et Joël NZAMPUNGU)

Redaction

29 Septembre 2025 - 18:43
29 Septembre 2025 - 18:56
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Le secteur informel de Kinshasa : nouveau "territoire criminel" des kulunas et des agents véreux de l’état (Fabrice Bolenge et Joël NZAMPUNGU)
abrice Bolenge & Joël NZAMPUNGU

La ville-province de Kinshasa, moteur de survie pour des millions de Congolais, est aussi un champ de mines où l'insécurité fait loi. Une nouvelle étude percutante, émanant de la prestigieuse École de Criminologie de l'Université de Kinshasa (UNIKIN), lève le voile sur ce paradoxe. Les auteurs, le Professeur Joël Nzampungu, Ph.D., et le Doctorant Fabrice Bolenge, ces deux criminologues de la réaction sociale, ne se contentent pas de décrire le désordre : ils prouvent que l'insécurité est un phénomène "activement co-construit" par les institutions de l'État et le crime organisé.

Leur recherche, intitulée « ECONOMIE INFORMELLE ET INSÉCURITÉ : QUELS ENJEUX POUR LA SÉCURITÉ PUBLIQUE À KINSHASA ? », est un véritable pavé dans la mare des politiques publiques.

La double peine : rackettés par les bandits et par l'État

L'enquête révèle une réalité de terrain alarmante : le secteur informel, essentiel à la survie à Kinshasa, expose ses acteurs à une "double prédation" systémique. D'un côté, il y a la violence des délinquants, notamment les tristement célèbres "Kulunas". Ces groupes s'approprient des marchés, exigeant des "taxes de protection" et transformant ces lieux de commerce en véritables territoires criminels. De l'autre côté, et c'est le choc de l'étude, l'État n'est pas "absent", mais "prédateur".

Chiffre choc : 75 % des acteurs de l'informel interrogés ont été victimes de vol, de racket ou d'agression au cours des 12 derniers mois.

Le professeur Nzampungu et le doctorant Bolenge décrivent comment policiers et agents municipaux profitent du manque de régulation pour extorquer des fonds. Cette pratique illégale, quotidienne et routinière, érode la confiance et crée une forme de "gouvernance informelle" où l'autorité publique est perçue non comme une protection, mais comme une menace supplémentaire. "Nous sommes vraiment à la merci de tout le monde," confie un commerçant enquêté.

Le marché de l'informel, zone franche du crime organisé

L'étude va plus loin en démontrant que l'informel n'est pas seulement victime de la petite délinquance ; il est aussi un "terrain fertile pour le crime organisé".

L'absence de traçabilité des transactions et la faiblesse du contrôle étatique créent une zone de confort pour les trafics. L'exemple des téléphones portables volés est éloquent. Un policier a admis que l'écoulement de ces biens se fait via un "circuit normal des affaires" dans l'informel. Les délinquants et les receleurs agissent selon une logique de choix rationnel : les gains potentiels sont élevés, tandis que le risque d'être appréhendé et sanctionné est "très faible".

Ceci explique comment l'informel peut se transformer en une véritable plateforme logistique pour la contrebande, les produits contrefaits, et même le financement de la violence urbaine.

Quand la police perd son autorité

Face à ce chaos, le rôle des institutions de sécurité est remis en question. L'étude met en évidence une perte de légitimité vertigineuse :

Indicateur de méfiance : 85 % des victimes de crimes liés à l'informel n'ont pas porté plainte à la police.

Les raisons ? La peur d'être extorqué à nouveau par les agents de l'ordre, ou le sentiment que la police est souvent "complice des bandits".

En conséquence, les acteurs de l'informel tentent de créer leurs propres mécanismes de "sécurité" (des milices ou des groupes d'autodéfense). Pourtant, comme le souligne Fabrice Bolenge et Joël Nzampungu, ces structures sont fragiles et basculent rapidement dans la violence et le racket, reproduisant le cercle vicieux de la prédation.

L'urgence d'une solution politique : réguler plutôt que réprimer

Pour ces deux criminologues, la sécurité publique à Kinshasa est avant tout un problème de gouvernance. L'approche ne peut plus être la simple répression.

"L'enjeu n'est pas d'éradiquer l'informel, mais de le réguler de manière inclusive," insiste Fabrice Bolenge et Joël NZAMPUNGU.

L'étude appelle le gouvernement à mettre en place des politiques de formalisation qui encouragent l'enregistrement des activités, simplifient les procédures, et surtout, protègent les droits de propriété des Kinois. Le Professeur Joël Nzampungu et le doctorant Fabrice Bolenge sont clairs : le futur de la sécurité à Kinshasa dépendra de la capacité de l'État à cesser d'être un agent de prédation pour devenir un partenaire légitime au service de ses citoyens. C'est une nouvelle voie qui s'ouvre pour le pays : celle d'une sécurité co-construite, où la loi protège enfin la survie des plus vulnérables. Pour lire l’entièreté de ce chef d’œuvre scientifique, sur Google, écrivez juste le titre de l’article : ECONOMIE INFORMELLE ET INSÉCURITÉ : QUELS ENJEUX POUR LA SÉCURITÉ PUBLIQUE À KINSHASA ? ainsi que les noms des auteurs ( Fabrice BOLENGE ILEBOSO et Joël NZAMPUNGU IMBOLE), tout en précisant revue ziglobita.

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