Patrick Muyaya : « Faut-il priver une élève enceinte de son droit à l’éducation, au risque d’aggraver sa marginalisation et de compromettre son avenir ? »

C’était lors de la matinée de socialisation sur l’Agenda Femmes, Paix et Sécurité, organisée mercredi 16 juillet à l’Hôtel Sultani par ONU Femmes et l’Ambassade de Norvège en RDC. 

Le Porte-parole du Gouvernement s’est exprimé dans un contexte où la décision du Ministère de l’Éducation nationale de maintenir les filles enceintes à l’école continue de susciter des débats.

Patrick Muyaya a dénoncé la pratique d’exclusion des élèves enceintes encore en vigueur dans certaines écoles, notamment sous gestion conventionnée catholique ou protestante.

« Faut-il priver une élève enceinte de son droit à l’éducation, au risque d’aggraver sa marginalisation et de compromettre son avenir ? On ne peut accabler la jeune fille seule. Derrière chaque grossesse, il y a un partenaire. C’est une responsabilité partagée, une responsabilité de société », a-t-il insisté.

Les chiffres sont alarmants. Selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS-RDC III, 2023–2024), une adolescente sur cinq, âgée de 15 à 19 ans, a déjà connu une grossesse, un phénomène encore plus marqué en milieu rural. Ce fléau est lié à la pauvreté, au manque d’accès aux services de santé reproductive, à l’absence d’éducation sexuelle et aux violences basées sur le genre.

« Exclure une fille enceinte, c’est la pénaliser deux fois et compromettre son avenir. Assurer la continuité scolaire n’encourage pas les grossesses précoces, mais permet de rompre un cycle de vulnérabilité et de précarité intergénérationnelle », a martelé Patrick Muyaya.

Aux professionnels des médias, le ministre a lancé un appel : éviter toute stigmatisation et contribuer à un environnement où la sexualité, la santé reproductive et les comportements à risque peuvent être abordés sans tabou.