Justice, mémoire, réparation : les trois axes d’une diplomatie des droits humains portée par la RDC
En l’espace de quelques jours, deux annonces majeures placent la République démocratique du Congo (RDC) au cœur des dynamiques continentales en matière de droits humains. Il s'agit de l’organisation du Forum Africain sur la Justice Transitionnelle, édition 2025 à Kinshasa, et l’avancée vers une résolution africaine de reconnaissance du Genocost.

À travers ces deux chantiers, le pays affirme une vision articulée autour de trois piliers fondamentaux : la justice, la mémoire et la réparation. Une stratégie diplomatique qui s’inscrit dans une volonté de transformation profonde, aussi bien sur la scène africaine qu’au sein des institutions nationales.
La RDC, hôte du Forum Africain sur la Justice Transitionnelle 2025
Dans une note d’information présentée au Conseil des ministres du vendredi 22 août dernier, le ministre des Droits Humains, Samuel Mbemba a confirmé que la Commission de l’Union Africaine a officiellement sélectionné la RDC pour organiser la prochaine édition du Forum Africain sur la Justice Transitionnelle, du 30 septembre au 2 octobre 2025 à Kinshasa.
Cette plateforme continentale, lancée en 2017, réunit chaque année des diplomates, juristes, chercheurs, membres de la société civile et associations de victimes autour des enjeux liés aux conflits, à la justice post-crise et aux réparations.
Le choix de Kinshasa comme ville hôte n’est pas anodin : il marque une reconnaissance de l’expérience congolaise en matière de justice transitionnelle et un signal fort de confiance adressé par l’Union Africaine. Le thème de l’édition 2025, « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations », trouve un écho particulier dans l’histoire de la RDC, profondément marquée par des décennies de conflits et de violences de masse.
Mémoire et reconnaissance : la bataille du Genocost
En parallèle, une dynamique diplomatique et politique est en cours pour faire reconnaître officiellement le Genocost, terme désignant les violences de masse subies par les Congolais, en particulier dans sa partie Est depuis plusieurs décennies. Ce combat pour la mémoire vise à qualifier ces crimes comme un génocide, à l’échelle nationale et africaine.
Samuel Mbemba a pour ce faire, annoncé qu'une résolution est en préparation au niveau du Parlement, en vue de répondre aux attentes de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Cette reconnaissance, si elle aboutit, constituerait une étape symbolique majeure : mettre un nom sur les souffrances, restaurer la mémoire des victimes, et engager plus sérieusement le pays et l’Afrique sur la voie des réparations et de la justice.
Une diplomatie des droits humains en construction
Ces deux annonces traduisent un tournant : la RDC ne se contente plus d’être une terre de conflits ou de résilience, elle devient une actrice proactive des droits humains sur la scène africaine.
Derrière l’accueil du Forum et la question du Genocost se dessine une stratégie plus large : celle d’une diplomatie fondée sur les valeurs de justice réparatrice, de reconnaissance historique et de transformation des institutions.
Le gouvernement affirme également sa volonté de renforcer les capacités internes, à travers la formation des services publics, la promotion de l’éducation aux droits humains, et le respect des engagements internationaux. L’objectif est clair : faire de la justice non plus une réponse d’urgence, mais un levier de reconstruction durable.
En misant sur la justice transitionnelle, la mémoire collective et la reconnaissance des souffrances passées, la RDC s’inscrit dans une démarche ambitieuse et exemplaire. Si ces chantiers aboutissent, ils pourraient bien redéfinir le rôle du pays au sein de l’Afrique, non plus seulement comme une victime de l’histoire, mais comme un acteur clé de la justice et des droits humains à l’échelle du continent.
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