Gouvernement Suminwa II : « Que devient l’opposition à l’Assemblée nationale ? » s’interroge Damien Kapay

Le récent remaniement ministériel du 8 août, opéré par le président Félix Tshisekedi, continue de susciter de vifs débats, notamment après l’entrée de plusieurs figures de l’opposition dans la nouvelle équipe gouvernementale. Damien Kapay Shiyu, analyste à l’Institut de recherche Ebuteli, s’interroge : « Que devient l’opposition à l’Assemblée nationale après cette recomposition ? »

Redaction

12 Août 2025 - 09:16
12 Août 2025 - 09:18
 0
Gouvernement Suminwa II : « Que devient l’opposition à l’Assemblée nationale ? » s’interroge Damien Kapay

Selon lui, ce changement intervient dans un contexte sécuritaire tendu, marqué par la recrudescence des tensions entre Kinshasa et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda. Ce remaniement, estime-t-il, rebat les cartes du jeu politique, particulièrement au sein du Parlement.

« Deux dynamiques majeures émergent : le dépérissement progressif de l’opposition parlementaire et la recomposition des rapports de pouvoir au sein de la majorité, incarnée par l’Union sacrée de la nation (USN) », souligne-t-il.

Dans une analyse publiée sur Talatala.cd, Kapay pointe le ralliement de la Dynamique révolutionnaire des progressistes (Dypro) de Constant Mutamba et du Nouvel Élan d’Adolphe Muzito à l’Union sacrée et au gouvernement Suminwa. Une évolution qui, selon lui, fragilise considérablement l’opposition parlementaire.

« L’opposition politique ne compte plus qu’une vingtaine de députés. Cette situation fait disparaître des voix dissidentes au sein de la chambre basse du Parlement », déplore-t-il.

Désormais, l’Union sacrée dispose de 477 députés nationaux, réduisant l’opposition à sa plus faible représentation depuis plusieurs législatures. Pour Kapay, ce basculement consacre une fragilisation politique et numérique d’une opposition déjà affaiblie par l’éparpillement des partis non alignés lors des dernières élections.

« L’Assemblée nationale se vide de ses voix dissidentes, ce qui affaiblit les capacités de contrôle parlementaire et accroît les risques d’un fonctionnement hégémonique du pouvoir législatif », prévient-il. Il rappelle également le retrait des députés Gratien Iracan et Christelle Vuanga du groupe Ensemble de Moïse Katumbi, ainsi que l’exil de Matata Ponyo.

Pour ce doctorant à l’Université de Kinshasa, l’absence d’un contrepoids crédible à la majorité menace le pluralisme démocratique parlementaire. Toutefois, il estime que cette nouvelle configuration pourrait favoriser une recomposition intra-majoritaire, susceptible d’influencer les arbitrages parlementaires sur des textes sensibles et des enjeux de gouvernance.

Redaction UNE.CD est un média en ligne basé à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, qui collecte, traite et diffuse des informations générales de la RDC, l'Afrique et le Monde. Grâce à nous, l'actualité vous suit partout en temps réel sur votre téléphone, tablette et ordinateur en un seul clic.