Gouvernement Suminwa II : « Que devient l’opposition à l’Assemblée nationale ? » s’interroge Damien Kapay
Le récent remaniement ministériel du 8 août, opéré par le président Félix Tshisekedi, continue de susciter de vifs débats, notamment après l’entrée de plusieurs figures de l’opposition dans la nouvelle équipe gouvernementale. Damien Kapay Shiyu, analyste à l’Institut de recherche Ebuteli, s’interroge : « Que devient l’opposition à l’Assemblée nationale après cette recomposition ? »

Selon lui, ce changement intervient dans un contexte sécuritaire tendu, marqué par la recrudescence des tensions entre Kinshasa et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda. Ce remaniement, estime-t-il, rebat les cartes du jeu politique, particulièrement au sein du Parlement.
« Deux dynamiques majeures émergent : le dépérissement progressif de l’opposition parlementaire et la recomposition des rapports de pouvoir au sein de la majorité, incarnée par l’Union sacrée de la nation (USN) », souligne-t-il.
Dans une analyse publiée sur Talatala.cd, Kapay pointe le ralliement de la Dynamique révolutionnaire des progressistes (Dypro) de Constant Mutamba et du Nouvel Élan d’Adolphe Muzito à l’Union sacrée et au gouvernement Suminwa. Une évolution qui, selon lui, fragilise considérablement l’opposition parlementaire.
« L’opposition politique ne compte plus qu’une vingtaine de députés. Cette situation fait disparaître des voix dissidentes au sein de la chambre basse du Parlement », déplore-t-il.
Désormais, l’Union sacrée dispose de 477 députés nationaux, réduisant l’opposition à sa plus faible représentation depuis plusieurs législatures. Pour Kapay, ce basculement consacre une fragilisation politique et numérique d’une opposition déjà affaiblie par l’éparpillement des partis non alignés lors des dernières élections.
« L’Assemblée nationale se vide de ses voix dissidentes, ce qui affaiblit les capacités de contrôle parlementaire et accroît les risques d’un fonctionnement hégémonique du pouvoir législatif », prévient-il. Il rappelle également le retrait des députés Gratien Iracan et Christelle Vuanga du groupe Ensemble de Moïse Katumbi, ainsi que l’exil de Matata Ponyo.
Pour ce doctorant à l’Université de Kinshasa, l’absence d’un contrepoids crédible à la majorité menace le pluralisme démocratique parlementaire. Toutefois, il estime que cette nouvelle configuration pourrait favoriser une recomposition intra-majoritaire, susceptible d’influencer les arbitrages parlementaires sur des textes sensibles et des enjeux de gouvernance.