RDC : 28 janvier 1993 - 28 janvier 2025, 32 ans après, l'histoire de l'attaque de l'ambassade de France à Kinshasa se répète sous une autre forme 

Trente-deux ans plutard, l'histoire se répète. L'ambassade de France à Kinshasa est de nouveau touchée. Cette-fois, si le pire est loin d'arriver grâce à l'intervention peu retardée des hommes en uniforme, contrairement au règne de Mobutu où l'ambassadeur de France au Zaïre, Philippe Bernard, a été tué par une balle perdue, lors d'une émeute entre soldats mutins et loyalistes qui se déroulait devant l'ambassade. Cette-fois, c'est la protestation, mieux encore, le soulèvement de la population Kinoise face à l'agression que le Rwanda, sous couvert du M23, mène sur son sol.

Dan de Dieu Kayanda

29 Janvier 2025 - 23:34
29 Janvier 2025 - 23:35
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RDC : 28 janvier 1993 - 28 janvier 2025, 32 ans après, l'histoire de l'attaque de l'ambassade de France à Kinshasa se répète sous une autre forme 

Qu'en est-il de l'histoire ? Les événements malheureux du mardi 28 et mercredi 29 janvier 2025 rappellent tragiquement ceux survenus exactement 32 ans plus tôt, lorsque l'ambassadeur de France au Zaïre, Philippe Bernard, fût assassiné le jeudi  28 janvier et le vendredi 29 janvier la poursuite des émeutes.

Nous sommes en 1993, jeudi 28 janvier, des troubles éclatent. À la suite d'une crise politique et économique aiguë, le président Mobutu venait de procéder à la mise en circulation des billets de 5 millions de zaïres. Ces billets produits seront distribués comme soldes aux militaires du camp Kokolo et du Centre d'entraînement des troupes aéroportées (CETA), proche de l'aéroport. Malheureusement, l'opposition conduite par Etienne Tshisekedi va appeler au boycott de ces billets. Les opérateurs économiques et la population refuseront de les utiliser, mais Mobutu choisit d'utiliser ces billets controversés pour payer les militaires, provoquant une confusion et des tensions extrêmes dans la capitale. Et c'est fût la débandade.

Furieux, des forces armées zaïroises (FAZ) pillent la capitale entière. Près de 2 000 personnes sont tuées, les révoltés se sont aussi livrés à des pillages.

Dans les quartiers résidentiels, des maisons ont été mises sans dessous dessus, des véhicules volés, des magasins pillés...

Désertées par la population, les artères de la capitale étaient sillonnées par des groupes de militaires armés tirant des coups de feu en l'air et rançonnant tout ce qui se trouvait sur leur passage.

L'ambassadeur de France au Zaïre, Philippe Bernard, se trouvait en fin d'après-midi dans son bureau, au quatrième étage de la chancellerie. C'est en voulant observer la situation à travers un rideau, après avoir éteint les lumières, qu'il a été tué. D'après les résultats de l'enquête rendue publique en décembre de l'année en cours, Philippe Bernard aurait été victime de balles perdues, sous de violents tirs échangés entre une auto-mitrailleuse, dont on ignore l'appartenance, et des militaires à pied, sur le boulevard du 30 Juin, la principale artère du centre-ville, où se trouvait l'ambassade de France.

Philippe Bernard a été atteint de deux balles, l'une en pleine poitrine et l'autre à la main. 


L'énoncé des faits, reposant sur les témoignages visuels du personnel de l' ambassade et corroboré par le relevé des impacts de balles, laissait apparaître que les tirs en direction de l'ambassade ont été effectués dans le feu de l'action par plusieurs types d'armes automatiques sans qu'il se soit agi d'un acte délibéré à connotation politique visant M. Philippe Bernard en qualité de diplomate.

En tentant de rétablir l'ordre, les membres de la Garde présidentielle, fidèles au président Mobutu, ont tué plusieurs mutins, selon des témoins, la ville est pillée par la DSP et Mahele rétablissait à nouveau l'ordre par la force.

Selon son entourage, le maréchal Mobutu a eu jeudi soir une conversation téléphonique avec M. Bruno Delaye, conseiller chargé des affaires africaines à l'Elysée, à qui il a transmis un message de condoléances destiné au président Mitterrand. La présidence zaïroise a déclaré, dans un communiqué, que " le chef de l'État a été profondément choqué et ému par la disparition brutale de l'ambassadeur d'un pays ami qui a beaucoup investi dans la défense de l'intégrité du territoire national, de la paix et stabilité des institutions.

Malgré cet acte odieux, les hostilités reprirent le jour suivant, comparativement à ce mercredi 29 janvier 2025, toujours à Kinshasa où certains établissements dans la commune de Barumbu, au grand marché ont été victimes.

Il faudra ici rappeler que lorsqu'on évoque les conséquences de la guerre, on a tendance à penser aux vies humaines perdues, ainsi qu’aux blessés. Mais la guerre induit également de nombreux effets économiques néfastes à long terme, dont certains peuvent être la cause de conflits futurs et d’un accroissement de la misère. Le pillage est simultanément conséquence et cause des conflits : il nourrit la guerre et fait perdurer les violences. Les premières victimes en sont les populations locales qui subissent les atrocités de la guerre pendant des années.

L'histoire renseigne que depuis la chute du régime de Kadhafi, la Libye importe une grande partie du carburant destiné à sa consommation intérieure. Grâce à des subventions massives, la population peut avoir accès à du carburant pour ses besoins. Un bon filon pour les contrebandiers et les groupes armés qui le détournent pour le revendre sur les marchés internationaux. Principale victime des violences et de l’instabilité politique, la population se retrouve également privée de carburant. La vie quotidienne des Libyens est fortement affectée par ces pénuries.

Ce pillage perpétré dans la capitale, pourrait engendrer d' énormes dégâts et effets collatéraux, dont le chômage et le recul des investisseurs. Il faudrait dans ce cas précis, revendiquer ses droits pacifiquement, sans empiéter celui de l'autre.



Dan de Dieu Kayanda Chrétien, journaliste professionnel et passionné, blogueur, chargé de communication, community manager, chercheur en data journalism, amoureux des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication.